Peine de mort en Turquie: «non» à un vote en Suisse

Le sujet fait frémir Berlin et Berne. 

Après sa victoire récente lors du référendum autour du renforcement de ses pouvoirs, le président turc Recep Tayyip Erdogan vise désormais une nouvelle consultation en Turquie, cette fois-ci sur le rétablissement de la peine de mort. 

Un scrutin qui pourrait aussi s'organiser en Allemagne où vivent 1,4 millions de Turcs, voire en Suisse également.

Angela Merkel a été très claire sur le sujet mardi: elle a indiqué qu'elle rejetait catégoriquement» la tenue sur sol allemand d'une éventuelle campagne référendaire pour le rétablissement de la peine de mort en Turquie. 

Ce scrutin potentiel fait réagir en Suisse. S'il devait se dérouler sur sol helvétique, «on devra se poser la question», a indiqué prudemment dans le www.24heures.ch le chef du Département fédéral des Affaires étrangères, Didier Burkhalter. S'il n'approuve pas un tel scrutin, il temporise en disant: «ce n'est vraiment pas le moment de se lancer dans des spéculations sur cette question.»


Positions clairement contre


Mais des politiciens suisses ont des positions bien plus tranchées. A l'image du président du PDC Gerhard Pfister. «Un référendum sur la peine capitale constitue une violation des valeurs fondamentales de l'Occident. Il faut également empêcher un tel vote en Suisse», estime-t-il. «Nous ne devrions pas permettre à un gouvernement étranger qui agit contre ces valeurs d'agir ainsi dans notre pays. Cela créerait la discorde», justifie-t-il.

L'ancien ambassadeur d'Allemagne et aujourd'hui conseiller national (PS/ZH) Tim Guldimann renchérit. «La peine de mort est en contradiction totale avec la Convention européenne des droits de l'homme et avec notre Constitution», explique-t-il. Pour lui aussi, il est «inacceptable» qu'il y ait un vote sur cette question en Suisse, «que ce soit chez les citoyens helvétiques ou turcs». Et de rappeler que la Suisse est un Etat de droit et qu'à ce titre, on ne peut pas voter sur tout. On ne pourrait ainsi pas se prononcer sur le retour de l'esclavage, compare-t-il.

Chaque pays en Europe qui ne se prononce pas clairement contre la peine de mort risque de passer pour un complice de la Turquie, estime de son côté la conseillère nationale Doris Fiala (PLR/ZH). Celle-ci voudrait toutefois que des mesures plus claires adoptées au sein du Conseil de l'Europe, en particulier pour les pays qui comptent une forte diaspora turque, comme la Suisse.

«Pas anti-démocratique»


Interrogé par le Blick, le professeur de droit Rainer J-Schweizer estime lui aussi que la Suisse devrait interdire un tel référendum sur son sol. «La Suisse fait campagne dans le monde entier pour l'abolition de la peine de mort et cela n'arrangerait pas son image si elle l'acceptait maintenant.»

Mais n'est-ce pas anti-démocratique? lui demande le journal. Non, estime le professeur. «Si Erdogan fait voter la réintroduction de la peine capitale, il violerait définitivement les principes fondamentaux des constitutions de tous les Etats européens, son contrat avec le Conseil de l'Europe, mais aussi les traités fondamentaux de l'UE. Je pense donc qu'il est juste que les pays européens discutent de l'interdiction d'un tel vote.»

Pour Rainer J.Schweizer, autoriser un tel scrutin porterait atteinte à la base même de nos valeurs démocratiques et constitutionnelles ainsi qu'à nos obligations internationales en matière des droits de l'homme.

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Source : 24heures, 10 mai 2017

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